Exposition "Une Histoire d’images" au Musée de Grenoble
Par Richard Gonzalez
publié le 20 déc. 2023
Au musée de Grenoble jusqu’au 3 mars 2024, l’exposition Une Histoire d’images rassemble plus de 270 photographies issues d’une donation d’Antoine de Galbert et de sa fondation. Retour sur le parcours exceptionnel d’un ardent promoteur de l’expression artistique contemporaine.
Priorité ouverture pour Antoine de Galbert
«J'étais passionné. Par tout un tas d'influences.» Antoine de Galbert reste pudique lorsqu'il s'agit de remonter aux sources de son amour pour l'art. «S'intéresser à l'art, c'est s'intéresser à ce que l'on n'est pas», lâche-t-il.
Une chose est sûre : cette passion altruiste ne l'a jamais quitté. Il en a fait son chemin de vie, démarré à Grenoble, «une ville très culturelle et cultivée, mais pas assez reconnue comme ville d'art. Les fortunes locales achètent aux artistes de la capitale».
Lui-même choisira Paris, après une dizaine d'années à la tête de sa galerie d'art à Grenoble, pour lancer en 2003 sa fondation reconnue d'utilité publique dédiée à la promotion de l'art moderne et contemporain. Il y ouvrira dans la foulée un espace d'exposition qui fera date, La Maison rouge, dans une ancienne usine au milieu d'un îlot d'habitations.
L'intention est claire : Antoine de Galbert tient à populariser l'art en l'intégrant dans nos espaces de vie. Un pari gagné, les dernières expositions parisiennes attirant plus de 200 000 personnes. Au plus haut de la vague, Antoine de Galbert choisira pourtant de fermer les portes de sa Maison, en 2018 : «Nous n'aurions pu aller plus loin.»
Des quatre coins du monde
L'activité de sa fondation, en revanche, va redoubler d'ardeur : accompagnement à l'apprentissage de l'art et à la formation des futur-es artistes, prise en charge de bourses de recherche, soutien à des résidences... Et bien sûr acquisition d'œuvres d'artistes pour enrichir les collections publiques et compléter l'action des institutions. «Le commerce de l'art ne m'excitait pas. J'ai préféré le soutien à la diffusion des expressions.»
Rapproché de ses racines alpines, Antoine de Galbert proposait il y a quatre ans au musée de Grenoble l'exposition Souvenirs de voyage autour d'œuvres rapportées des quatre coins du monde. Son amitié avec le directeur Guy Tosatto se prolonge aujourd'hui à travers l'exposition Une histoire d'images, dont Antoine de Galbert tient à préciser que ce sont d'abord «des œuvres, pas des documents».
Comprendre qu'il faut y admirer avant tout l'intention artistique de leurs auteurs et autrices, même si ces images témoignent de l'état du monde. Même si Antoine de Galbert reconnaît que l'histoire contemporaine le taraude : la première œuvre qu'il a achetée pour cette exposition est celle de Wiktoria Wojciechowska, une jeune artiste polonaise qui a photographié 72 soldats ukrainiens engagés dans le Donbass.
Cet événement est d'autant plus important qu'il constitue la première étape d'un engagement du collectionneur et mécène en faveur d'un fonds d'images pour le musée de Grenoble. «Donner des œuvres me rend heureux : elles sont toujours dans ma tête et elles reprennent vie dans le regard des autres. Donner, c'est un rêve, pas une souffrance.» Une histoire d'images, musée de Grenoble. Jusqu'au 3 mars 2024. Expo gratuite.