Education : dur, dur d’être un parent ?

Par Annabel Brot

publié le 14 mai 2024

Article

Jeunesse

© Jean-Luc Lacroix

Sommaire

Du 1er au 8 juin 2024, la Semaine de l’éducation propose au grand public un temps fort d’échanges, de communication et de partage. Intitulée «Place(s) aux parents !», cette 2e édition est axée sur l’accompagnement à la parentalité, avec de nombreux rendez-vous animés par des personnalités de toute la France.

Organisée par la Ville, cette semaine entend rappeler le rôle central des familles dans le développement de l’enfant, afin de les accompagner, les écouter et les soutenir sur des sujets concrets en prise avec leurs préoccupations quotidiennes. Ceci à travers des moments de questionnement et de débat qui s’adressent aux parents ou aux professionnel-les, et abordent des thèmes comme le numérique et les écrans, le harcèlement scolaire, la culture, la santé, la parentalité positive…

Une trentaine de rendez-vous sont programmés : des tables rondes et conférences, du théâtre forum (dès 10 ans), une expo photo, des cafés-rencontres, ainsi que de nombreux ateliers parents-enfants qui se déroulent dans des lieux de proximité comme les Maisons des Habitant-es, les crèches, les espaces culturels… Autant de formats accessibles et participatifs, qui privilégient souvent les temps en petits groupes pour encourager la parole.

Ces six journées feront intervenir des structures partenaires (IREPS, FRENE, association YOYO, CAF de l’Isère, Ligue de l’enseignement…), ainsi que des sociologues, des psychologues, des enseignant-es chercheur-es… proposant des approches et des méthodes variées pour apporter aux parents un éclairage large, pratique et complémentaire.

Partage émotionnel

Sophie Marinopoulos est psychologue et psychanalyste. Elle participe à une table ronde sur le thème du lien parent-enfant par la culture.

Convaincue de «l’importance de parler pour trouver ses propres réponses», Sophie Marinopoulos fonde à Nantes en 1999 Les Pâtes au Beurre, un lieu associatif « sans recette toute faite », où les familles sont accueillies dans une cuisine, sans rendez-vous, de manière anonyme, collective et gratuite pour échanger autour de toutes leurs préoccupations.

Nathalie Bourreau

Constatant un «mal-être généralisé dans les relations familiales», elle développe en 2019 le concept de santé culturelle qu’elle présentera lors de cette table ronde. «L’être humain, dès sa naissance, a un besoin vital de relation à l’autre ! D’où l’importance de nourrir un lien parent-enfant fondé sur l’éveil artistique et culturel. La lecture, la musique, les visites au musée, et plus largement l’observation de tout ce qui nous touche dans notre environnement, comme les paysages, les animaux ou la nature, sont des temps de partage émotionnel indispensables à la construction de l’enfant. Il est donc nécessaire de sensibiliser chaque parent à l’importance de ces moments où l’on prend le temps d’entrer ensemble dans la découverte et l’imaginaire.»   

  • Jeudi 6 juin de 18h à 19 h 30 à l’auditorium de la Maison du tourisme. Entrée libre.

La place du père

Gérard Neyrand est sociologue et professeur émérite à l’Université de Toulouse. Il anime la conférence «Place des pères, familles monoparentales, homoparentales, quelles compétences ?».

DR
Spécialiste de la famille, Gérard Neyrand étudie les mutations sociales dans les rapports privés : évolution du couple, effets de la séparation sur les enfants, conséquences d’un regard nouveau porté sur la petite enfance, familles monoparentales et précarité…

Centrée sur la place des pères, sa conférence interrogera «une mutation très importante de la famille, qui débute dans les années 1970 et est toujours en cours». Objectif : mieux faire comprendre «l’impact de ce basculement très fort vers une nouvelle logique qui tend à plus d’égalité entre le père et la mère, avec l’apparition du concept de coparentalité, la hausse du nombre de gardes alternées ou la reconnaissance récente de la place des pères dans l’éducation des tout-petits».

Il abordera aussi la question de l’homoparentalité, des familles monoparentales ou recomposées, pour mettre en lumière «les dynamiques de cette évolution profonde et rapide, qui n’est pas linéaire mais se produit par à-coups et peut entraîner des polémiques ou se heurter à des résistances de la société».

Lundi 3 juin de 18h à 19h30 à l’auditorium de la Maison du tourisme. Entrée libre.

Stop au burn out !

Rebecca Shankland est professeure de psychologie du développement à l’Université de Lyon. Elle intervient pour une conférence intitulée «Prévenir et réduire l’épuisement parental».

Apparu récemment, le concept de burn out parental désigne un épuisement physique et émotionnel qui se traduit par «un stress chronique, le sentiment d’être confronté-e à une situation insurmontable». Il «multiplie par dix le risque de négligence ou de maltraitance car il devient difficile de se connecter à son enfant». Responsable de l’Observatoire de la Parentalité et du Soutien à la Parentalité, Rebecca Shankland présentera les résultats d’un cycle d’ateliers de soutien menés de 2021 à 2023 dans des Maisons des Habitant-es, des crèches et des écoles de la Région Auvergne - Rhône-Alpes au côté de 534 parents. Un travail concret, animé par des psychologues autour de deux angles complémentaires : le parent (comment mieux prendre soin d’elle ou de lui) et les enfants (gestion des comportements problématiques).

©Thierry Morturier

«On constate que ces ateliers entraînent une diminution significative des burn outs grâce à l’acquisition de « compétences sociales » de régulation et de bienveillance. Ces ateliers font aussi apparaître l’importance de l’échange : rencontrer d’autres parents fait prendre conscience qu’on n’est pas seul-e à traverser des moments difficiles et permet de se sentir moins coupable.»

Samedi 8 juin de 10h à 12h à l’auditorium du musée de Grenoble. Entrée libre.

Infos pratiques

Garde d’enfants pour certains ateliers.