Aina Alegre : danse et désobéissance

Audacieuse, débordante d’énergie et de créativité, Aina Alegre a pris la codirection du CCN (Centre Chorégraphique National) de Grenoble en janvier 2023. «Très peu de CCN sont dirigés par des femmes et j’ai eu envie de relever le défi !»

Pour «imaginer un CCN du futur», elle partage l’aventure avec le danseur Yannick Hugron autour d’un projet commun, ambitieux et novateur, qui vise à «penser la danse comme une expérience sensible aux multiples dimensions et à inventer un lieu de rassemblement, de circulation et d’échange». Autant de notions qui sont depuis toujours au cœur de sa démarche.

Hybridation

C’est à Barcelone, sa ville natale, qu’Aina se prend de passion pour le spectacle vivant en assistant aux comédies musicales dans lesquelles son père, saxophoniste et clarinettiste, se produit régulièrement. Fascinée par «le mélange des styles et l’énergie qui s’en dégage», elle entame une formation pluridisciplinaire (musique, théâtre, chant et danse) qu’elle poursuit en France et qui irrigue chacune de ses créations.

«Dès mon premier solo, j’ai commencé à explorer le son, le rythme autour du martellement, de la répétition, à m’inspirer d’images cinématographiques, à chorégraphier la musique, la lumière… Pour moi, c’est le dialogue de tous ces éléments qui fait la danse !»

Au fil de ses spectacles, Aina développe aussi l’idée de célébration collective, comme avec THIS IS NOT (an act of love & resistance) qu’elle reprend en mai à la MC2. Créée en 2022, cette pièce pour quatre musiciennes et cinq danseuses s’inscrit dans un univers sonore proche des brass bands et évoque l’imaginaire de l’air, «un élément qu’on partage et qui nous fait vivre ! Il nous traverse, nous met en relation… Et j’avais envie de poser la question : qu’est-ce que respirer ensemble aujourd’hui ?».

Démesure

Impétueuse, enthousiaste et expansive, sa dernière création, Parades et Désobéissances, témoigne une fois encore de son esprit frondeur et de sa soif d’expérimentation. En effet, cette proposition artistique participative et résolument festive rassemblera pas moins d’une centaine d’amateurs-trices de tous âges et de tous horizons.

Préparée depuis l’hiver et présentée dans le cadre de la saison sportive de Grenoble en cette année olympique, cette chorégraphie XXL se tiendra au Palais des Sports, «un lieu patrimonial qui m’a intéressée par son architecture colossale et singulière, où dominent le béton et la pierre. Il s’agira de faire dialoguer la dimension charnelle des corps avec ce bâtiment un peu austère, pour lui donner un nouveau souffle par l’énergie du mouvement, tout en offrant une expérience inédite, aux participant-es comme au public».