Vidéo : Carton rouge au racisme dans le sport Interview de Vikash Dhorasoo, footballer et consultant. "Je m'appelle Vikash Dhorasoo, je mesure 1m69 et je pèse 65 kilos, on va dire. Je suis un ancien footballeur professionnel, international français et puis j'ai joué dans pas mal de clubs : Lyon, Paris, Bordeaux, le Milan AC. Et je suis né au Havre et donc formé au Havre. Et c'est là que j'ai débuté. Je viens d'un quartier populaire qui s'appelle Caucriauville, sur les hauteurs du Havre. J'ai subi le racisme, les discriminations et déjà, le fait d'être dans un quartier populaire, on est déjà exclus au départ. En grandissant, en vieillissant et puis en devenant footballeur, j'ai pu ne plus subir le racisme directement. Parce que quand on est connu, l'argent blanchit. Mais par contre, j'ai continué à le voir. Et donc, ça a toujours été un combat. Donc c'est central dans ma vie. Et puis, à la fin de ma carrière, au Paris Saint-Germain, on m'a proposé d'être parrain du Paris Foot Gay et j'ai accepté. Je suis devenu, alors que j'étais encore joueur de foot, le parrain du Paris Foot Gay. Lutter contre l'homophobie, pour moi, c'était une façon de lutter contre toutes les autres discriminations. Moi, je crois beaucoup au racisme systémique, structurel. Les gens issus des minorités n'ont jamais accès aux postes de pouvoir et de décisions. Ça, ça engendre beaucoup de racisme. C'est tout ça qui m'intéresse beaucoup plus que les cris de singes dans un stade. Il faut le dénoncer, le combattre. Mais moi, ce que je veux, c'est changer tout ça, faire en sorte que les joueurs de foot, par exemple, soient incités à aller “truster” ces postes-là. Et le jour où des joueurs noirs, arabes, des femmes, seront à des postes importants, tout sera possible. Je veux dire, quand on est représenté, quand on se sent représenté, on y croit, on a envie d'y accéder et on se sent défendu aussi. Comment changer le système ? C'est évidemment dire aux gamins, aux joueurs de foot : allez-y, formez-vous, allez bousculer la hiérarchie parce qu'on ne va pas vous laisser la place et on va vous faire croire que ce n’est pas possible et ce n’est pas pour vous. Et ça, c'est difficile. Ma couleur de peau, moi, je suis d'origine indienne, elle est présente tout le temps. Le monde face auquel je suis, il est blanc. Je suis dominé dans toutes les situations. Je combats et je me libère, mais l'espace public, la hiérarchie... je suis toujours dominé. Et pourtant, je suis un joueur de foot, je suis un privilégié, j'ai eu accès à plein de choses, je suis sorti de mon quartier et ça reste difficile. Donc, on combat, on ne lâche pas l'affaire. Et moi, je combat parce que je veux que les autres qui n'ont pas toute cette chance que j'ai puissent se libérer et aller gagner du terrain."