Vidéo : carton rouge aux violences sexistes et sexuelles dans le sport Philippe Liotard, sociologue, maître de conférence et enseignant-chercheur, explique : "Je m'appelle Philippe Liotard, je suis enseignant-chercheur à l'Université Lyon 1, au Laboratoire sur les Vulnérabilités et l'Innovation dans le Sport. Je travaille sur la question des violences sexuelles dans le sport depuis la fin des années 1990. Les violences sexuelles sont caractérisées assez facilement par le code pénal, même s'il n'y a pas de rubrique “violences sexuelles”, mais elles couvrent une large palette qui vont de l'outrage sexiste, c'est-à-dire le fait d'imposer, il y a toujours la notion d'imposition dans les violences, d'imposer des propos ou des comportements à connotation sexuelle ou sexiste qui portent atteinte aux personnes ou bien qui créent une situation intimidante, offensante, une situation qui fait que la personne va être mal à l'aise. C'est une contravention qui peut se transformer en délit si jamais c'est fait par personne ayant autorité : un entraîneur, un enseignant, un patron, quelqu'un qui a autorité sur les personnes. Et sur le sexisme, aujourd'hui, à l'échelle internationale au niveau de l’Europe, mais aussi au niveau international, il y a une volonté aussi de considérer les violences sexuelles comme des violences sexistes, parce qu'elles s'exercent principalement sur les femmes, ce qui fait que les femmes, en tant que femmes, sont plus vulnérables parce qu'il y aurait une sorte de perception qui serait légitime de s'approprier leur corps et que si les femmes disent non, leur non n'est pas vraiment entendu ou n'est pas vraiment recevable. Mais il n'y a pas d'enquête du même type, par exemple, que celle qui a été créée pour l'Église avec la CIASE ou sur l'inceste et les violences faites aux mineurs avec la CIIVISE. Donc, on n'a pas comme ça de dispositif qui permettrait pour le sport de faire comme ça une large enquête avec appel à témoignage et surtout, écoute des personnes qui ont subi des violences. Il y a 25 ans, dans le sport, il y avait du déni. Par ailleurs, ce que je retrouvais à l'époque, début des années 2000, fin 90, 2000, on voyait systématiquement une sorte de défense des agresseurs. “C'est un bon sportif, c'est un bon entraineur...” Comme si le fait d'être un bon entraineur ou d'être un bon sportif, ça empêchait d'être aussi un agresseur sexuel. Il y avait le déni d'abord, puis après, la minimisation et la mise en cause de la parole. Donc aujourd'hui, oui, c'est pris au sérieux, c'est entendu. Les institutions, les collectivités sont parfois un peu démunies, elles ne savent pas forcément toujours comment agir, mais il y a un souci, il y a une vigilance collective, il y a un souci d'agir, de protéger les personnes. Et surtout, ce qu'a apporté Me Too, c'est le fait de dire : je te crois. Et ça, c'est quelque chose d'incroyablement important. Donc, la prévention, elle se joue d'abord, je trouve, dans la formation de l'ensemble des cadres, les intervenants, que ce soient les bénévoles, les professionnels, bien sûr, mais aussi l’encadrement dirigeant. Il y a de la sensibilisation qui se fait, il y a plein d'associations aujourd'hui qui font du travail de sensibilisation à la demande, qui interviennent dans les clubs, etc. Ça passe aussi par les formations au métier du sport, dans les STAPS, les facultés des sports. Et puis surtout, le ministère des Sports, sur son site il y a toute une série d'outils qui sont disponibles et qu'on peut s'approprier, qu'on peut utiliser aussi en fonction de ce qu'on veut faire. Dans chaque région, autour de Grenoble, il y a des associations qui travaillent sur la prévention des violences sexuelles, sexistes, etc. Et on peut tout à fait, qu'on soit chef d'établissement ou directeur d'une structure ou président de club, se tourner vers des personnes ressources qui vont assez facilement mettre en place des outils adaptés au public et à ce qu'on veut faire."